La loi du 9 décembre 2016 dite « Sapin 2 » a créé un cadre juridique général applicable aux lanceurs d’alerte. Tous les employeurs territoriaux sont concernés par ces dispositions....
A jour du mois de février 2025
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Les employeurs publics recourent de plus en plus au contrat d’apprentissage, comme le révèle le rapport annuel sur l’état de la fonction publique publié le 15 novembre 2024 par la Direction générale de l’administration et de la fonction publique. Ce rapport précise qu'à la fin de l’année 2022, 30 100 apprentis étaient en formation dans la fonction publique, marquant une augmentation significative de +18,6 % par rapport à la fin de l’année 2021. Cette croissance concerne les trois versants de la fonction publique, mais elle provient principalement de la Fonction Publique Territoriale (+2 300 apprentis, soit +13,9 %), notamment dans les établissements publics locaux auxquels les centres de formation des apprentis sont rattachés.
C’est donc un véritable enjeu pour les employeurs publics de maîtriser le cadre juridique des apprentis, notamment les démarches à suivre pour leur recrutement, d’être en mesure de les informer sur leurs droits et obligations, et de connaître les règles régissant la fin du contrat d’apprentissage.
1. Quelle est la nature juridique du contrat d’apprentissage ?
Le contrat d’apprentissage est un contrat de travail de droit privé. En effet, le code général de la fonction publique (CGFP) renvoi au code du travail pour les règles applicables à ce contrat.
Ce contrat rémunéré est conclu entre l'apprenti (ou son représentant légal s'il est mineur) et l'employeur public. La durée du contrat d'apprentissage dans la fonction publique est limitée, allant de six mois à trois ans.
L’employeur verse une rémunération à l’apprenti, qui, en contrepartie, s’engage à travailler pour l’employeur pendant la durée du contrat.
Texte(s) de référence :
Pour aller plus loin :
2. Pourquoi recourir à l’apprentissage ?
L’apprentissage permet à l’apprenti de suivre une formation professionnelle en vue d’acquérir un diplôme ou un titre professionnel. Afin de favoriser l'insertion professionnelle des apprentis, la formation se fait en alternance et combine :
3. Quel est le formalisme du contrat d’apprentissage ?
Le contrat prend la forme d’un formulaire CERFA comprenant des clauses et mentions obligatoires relatives à :
Le formulaire CERFA n°10103*12 est disponible au téléchargement. Le contrat peut également être généré sur la plateforme gouvernementale CELIA, permettant la saisie en ligne des contrats d'apprentissage.
4. Existe t-il une condition d’âge pour bénéficier d’un contrat d’apprentissage au sein de la fonction publique territoriale ?
OUI. Pour bénéficier d’un contrat d’apprentissage, l’âge de l’apprenti doit en principe se situer entre 16 à 29 ans.
L’apprenti doit avoir au moins 16 ans à la date de la signature du contrat d’apprentissage. Toutefois, il est admis qu’un jeune âgé d’au moins 15 ans révolus puisse débuter un contrat d’apprentisage à condition d’avoir effectué sa dernière année de collège.
Le contrat d’apprentissage peut être conclu jusqu’à l’âge de 29 ans révolus, c’est-à-dire 30 ans moins un jour. Toutefois, dans certains cas précis, la limite d’âge peut être portée à 35 ans ou ne pas s’appliquer. Ces cas sont indiqués dans le tableau ci-dessous :
Tableau récapitulatif des bénéficiaires du contrat d’apprentissage :
*15 ans, si l'âge est atteint entre la rentrée scolaire et le 31 décembre de l'année civile. Le jeune doit alors avoir terminé sa dernière année de collège.
5. Quelles sont les étapes à respecter pour recruter un apprenti ?
La conclusion du contrat d’apprentissage est soumise à des formalités particulières.
Tableau récapitulatif des étapes à respecter :
*Centre de formation des apprentis (CFA)
**Direction départementale de l'emploi, du travail et des solidarités (DDETS)
***Direction départementale de l'emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP)
Pour recruter un apprenti, la collectivité doit :
Bon à savoir :
Le guide de l’apprentissage édité par la DGAFP comporte une procédure pour rédiger une offre d’apprentissage en annexe n°2.
Pour rappel, la collectivité ne peut pas recruter un apprenti pour occuper un poste vacant.
Il n’existe pas d’obligation de déclaration de vacance d’emploi.
Il est conseillé de publier l’offre d’apprentissage dès le mois d’avril, l’entrée en scolarité ayant lieu à compter du mois de septembre.
Texte(s) de référence :
Pour aller plus loin :
IAJ - L’apprentissage dans la fonction publique territoriale (décembre 2015) (PDF, 2821 ko)
6. La collectivité doit-elle délibérer pour recruter un apprenti ?
OUI. L’organe délibérant de la collectivité territoriale ou de l’établissement public doit, au préalable, délibérer avant de recruter un apprenti. La délibération autorisant le recours à l’apprentissage doit :
La délibération adoptée est ensuite transmise au contrôle de légalité.
Bon à savoir :
Le contrat d’apprentissage, qui est un contrat de droit privé (voir question n°1), n’est pas soumis au contrôle de légalité du Préfet.
Texte(s) de référence :
Pour aller plus loin :
7. La collectivité peut-elle recruter un apprenti de nationalité étrangère ?
OUI. La collectivité peut recruter un apprenti de nationalité étrangère. Toutefois, en fonction du pays d’origine du candidat, des vérifications préalables sont nécessaires :
Les démarches permettant d’obtenir l’autorisation provisoire de travail doivent être effectuées auprès de la Direction générale des étrangers en France (DGEF).
Texte(s) de référence :
Pour aller plus loin :
8. L’apprenti doit-il effectuer la visite médicale d’embauche ?
OUI. L’apprenti doit se soumettre à une visite d’information et de prévention effectuée par un médecin agréé ou d’un examen médical d’embauche dans les deux mois qui suivent son embauche. Toutefois, lorsque l’apprenti est mineur, cette visite doit être réalisée avant son affectation sur le poste.
La Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) préconise de réaliser cette visite médicale avant le début d’exécution du contrat pour tous les apprentis, quel que soit leur âge.
Par ailleurs, si l’apprenti est affecté à un poste présentant des risques particuliers pour sa santé ou sa sécurité, il bénéficie d’un suivi individuel renforcé comprenant un examen médical d’aptitude effectué par le médecin du travail. Cet examen se substitue à la visite d’information et de prévention .
9. Le maître d’apprentissage perçoit-il une rémunération supplémentaire pour la supervision de l’apprenti ?
OUI. Le maître d’apprentissage, travaillant dans la fonction publique territoriale, a droit à la nouvelle bonification indiciaire (NBI) de 20 points. Pour rappel, la NBI est versée uniquement à l’agent ayant la qualité de fonctionnaire.
En revanche, le maître d’apprentissage ne peut percevoir la prime « maître d’apprentissage» dans la fonction publique territoriale. Cette prime est réservée aux agents publics appartenant à la fonction publique d’Etat :
Cet élément de gestion a été précisé dans une réponse gouvernementale en date du 22 juin 2023, dans laquelle il est indiqué que : « les maîtres d'apprentissage bénéficient, dans la fonction publique de l'État, d'une allocation forfaitaire annuelle de 500 euros (décret n°2021-1861 du 27 décembre 2021) et, dans la fonction publique territoriale, d'une nouvelle bonification indiciaire de 20 points d'indice majoré par mois (décret n°2006-779 du 3 juillet 2006), soit 1 164 euros pour une année ».
10. Quelle est la rémunération de l’apprenti ?
L’apprenti perçoit un salaire dont le montant :
Point de vigilance :
L’apprenti ayant la qualité d’agent de droit privé ne bénéficie pas des éléments de rémunération statutaires, uniquement versés aux agents publics (fonctionnaires et agents contractuels). Pour rappel, ces éléments sont les suivants :
Tableau récapitulatif de la rémunération brute mensuelle minimale :
*Les apprentis de moins de 16 ans bénéficient de la même rémunération que les apprentis âgés de 16 à 17 ans.
**Les salaires sont calculés sur la base de la valeur du SMIC brut mensuel fixé à 1 801,80 € à compter du 1er novembre 2024. En cas d’évolution du montant du SMIC, il conviendra de recalculer les salaires sur la base de ce nouveau montant.
Point de vigilance :
L’employeur peut décider de majorer de 10 ou 20 points la rémunération de l’apprenti :
Exemple : un apprenti, âgé de 19 ans, accomplit sa 2ème année en apprentissage au 1er janvier 2025. Son employeur souhaite majorer sa rémunération de 10 points. Le salaire de l’apprenti est fixé comme suit : 51 % + 10 points = 61 % du SMIC, soit la somme de 1 099,10 € mensuels.
Point de vigilance :
Les apprentis de l’enseignement supérieur (préparant une licence professionnelle ou un master 2 en apprentissage), doivent obligatoirement percevoir une rémunération minimale afférente à une deuxième année d’apprentissage.
Le ministère du Travail a mis en place la plateforme de l’alternance proposant un simulateur pour calculer la rémunération des alternants (contrat de professionnalisation et en contrat d’apprentissage).
Texte(s) de référence :
Pour aller plus loin :
Fiche BIP - Apprentissage : situation de l'apprenti (APPSIT)
IAJ - L’apprentissage dans la fonction publique territoriale (décembre 2015) (PDF, 2821 ko)
11. L’apprenti a-t-il droit à la prise en charge partielle de son titre de transport ?
OUI. Le décret du 21 juin 2010 relatif à la prise en charge des titres d’abonnement prévoit que les personnels des collectivités territoriales bénéficient de la prise en charge du transport.
Le remboursement se fait, a minima, à hauteur de 75 % du montant du titre d’abonnement.
La prise en charge porte sur les abonnements suivants :
Le remboursement partiel du titre d’abonnement est effectué à l’apprenti sur présentation du justificatif de transport à son nom.
Le montant de la prise en charge partielle du prix des titres d’abonnement est versé mensuellement, et ce même si le titre est annuel.
Exemples de prise de charge partielle du titre d’abonnement « Pass Navigo » :
Texte(s) de référence :
Pour aller plus loin :
Fiche BIP - Frais de transport domicile / lieu de travail : conditions de prise en charge (TITABO)
12. Le contrat d’apprentissage peut-il prendre fin de manière anticipée ?
OUI. La procédure de rupture du contrat d’apprentissage diffère en fonction de la partie à l’origine de la rupture du contrat (la collectivité ou l'apprenti) et de la période à laquelle intervient la rupture :
La rupture du contrat d’apprentissage durant la période probatoire :
Le contrat d’apprentissage peut être rompu :
La collectivité doit informer deux autorités, par tout moyen, de la rupture du contrat :
La rupture du contrat d’apprentissage à l’issue de la période probatoire :
La rupture d’un commun accord entre l’employeur public et l’apprenti doit être formalisée par un écrit signé par les deux parties (et par le représentant légal si l’apprenti est mineur).
La rupture à l’initiative de la collectivité peut intervenir en cas de :
La rupture du contrat par la collectivité étant assimilable à un licenciement, cette dernière doit respecter le formalisme de la procédure y afférant :
La rupture à l’initiative de l’apprenti est également possible :
Texte(s) de référence :
Pour aller plus loin :
Fiche BIP - Apprentissage : fin du contrat (APPFIN)
IAJ - L’apprentissage dans la fonction publique territoriale (décembre 2015) (PDF, 2821 ko)
13. L’apprenti, qui rompt son contrat d’apprentissage, a-t-il droit aux allocations chômage ?
OUI. L’apprenti a droit au bénéfice de l’indemnisation chômage selon les mêmes modalités que les agents publics privés d’emploi.
Point de vigilance :
L’apprenti bénéficie également d’une indemnité compensatrice pour les congés payés qu’il n’a pas pu prendre.
En revanche, il ne bénéficie ni d’indemnités de fin de contrat, ni de prime de précarité.
Texte(s) de référence :
Pour aller plus loin :
Fiche BIP - Apprentissage : fin du contrat (APPFIN)
Fiche BIP - Chômage : charge des allocations (CHOCHA)
IAJ - L’apprentissage dans la fonction publique territoriale (décembre 2015) (PDF, 2821 ko)
14. Lors du classement à la nomination stagiaire, les services antérieurs effectués en qualité d’apprenti peuvent-ils être repris ?
OUI. Les services antérieurs effectués en qualité d’apprenti peuvent être repris. Le contrat d’apprentissage étant un contrat de droit privé, la reprise des services antérieurs doit être effectuée comme des services de droit privé (services de salarié).
Point de vigilance :
En revanche, les services accomplis en qualité d’apprenti ne peuvent pas être pris en compte au titre des conditions exigées pour pouvoir passer les concours internes de la fonction publique.
Bon à savoir :
Depuis le 7 août 2019, il existe un dispositif expérimental de titularisation des apprentis en situation de handicap à l’issue du contrat pour favoriser l’égalité professionnelle des travailleurs en situation de handicap et faciliter l’accès des apprentis en situation de handicap à l’emploi titulaire à l’issue de leur période d’apprentissage. Ce dispositif peut être mis en oeuvre par l’employeur jusqu’au 6 août 2025.
Texte(s) de référence :
Pour aller plus loin :
Fiche BIP - Apprentissage : fin du contrat (APPFIN)
Fiche BIP - Notion de services effectifs (SEREFF)
Fiche BIP - Le recrutement de personnes en situation de handicap (RECHAN)
IAJ – Le régime de l’apprentissage (juin 2020) (PDF)
FAQ - Les règles générales de classement à la nomination stagiaire (novembre 2022)
La loi du 9 décembre 2016 dite « Sapin 2 » a créé un cadre juridique général applicable aux lanceurs d’alerte. Tous les employeurs territoriaux sont concernés par ces dispositions....
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